« Si un événement douloureux a été mal “digéré” parce que trop violent, les images, les sons et les sensations liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Le mouvement oculaire débloque l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète le travail. »

David Servan-Schreiber, psychiatre.

Qu’est ce que l’EMDR ?

EMDR est l’acronyme de « Eye Mouvement Desensitization and Reproccesing » en français, désensibilisation et retraitement par le mouvement oculaire.

Lorsque le psychisme est dépassé par un choc traumatique, notre cerveau n’arrive pas à traiter ou digérer les informations choquantes comme il le fait ordinairement et reste bloqué sur l’évènement, sans que nous en ayons conscience. Ce sont ces vécus traumatiques non digérés qui creusent le lit de la pathologie, provoquant un trouble de stress post-traumatique et d’autres pathologies associées.
Le trouble de stress post-traumatique se rencontre principalement chez les victimes d’évènements traumatiques survenant dans l’enfance ou à l’âge adulte, agressions et maltraitances physiques, psychologiques, et sexuelles, accidents, deuils, attentats, catastrophes naturelles, mais aussi chez les militaires et civils victimes d’évènements traumatiques survenant dans le cadre de guerres et de conflits armés.

Les événements à l’origine de troubles post-traumatiques peuvent être aussi des évènements de vie difficiles, qui n’ont pas été identifiés à l’époque comme potentiellement traumatiques car ils semblent avoir été surmontés, mais qui laissent des blessures émotionnelles pouvant être à l’origine de perturbations psychologiques ou de comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne. Cela peut concerner des difficultés familiales vécues dans l’enfance, des ruptures, des difficultés conjugales, des maladies et opérations, des interruptions de grossesse, des difficultés professionnelles, etc…

D’où vient-il ?

L’histoire débute en 1987 aux États-Unis par une belle journée de printemps. Alors que Francine Shapiro se promène dans un parc, préoccupée et soucieuse, elle réalise que les pensées désagréables qui la perturbent deviennent moins bouleversantes. Elle remarque alors que ses yeux effectuent spontanément des mouvements rapides de va et vient lorsqu’elles lui viennent à l’esprit. Sa spécificité de chercheuse en psychologie la conduit à vérifier son intuition auprès de volontaires puis de vétérans de guerre du Vietnam. Les résultats positifs se confirmant, elle poursuit ses recherches et réalise une thèse de doctorat.

Comment se déroule une séance EMDR ?

Des séances de préparation préalables

Du fait de l’effet puissant de cette thérapie sur le psychisme du patient, une préparation est indispensable.
Les entretiens préliminaires permettent de :

  • construire une relation thérapeutique de confiance avec son praticien
  • identifier avec lui une problématique actuelle susceptible d’être traitée en EMDR, puis les souvenirs traumatiques à l’origine de ces difficultés
  • mettre en place des outils psychocorporels de stabilisation émotionnelle qui peuvent être utilisés en cours de séance ainsi qu’en pratique autonome entre les séances.

Un processus de traitement conscient

Les souvenirs perturbants identifiés sont ensuite retraités, un à un, lors des séances, à l’aide des stimulations bilatérales alternées. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir.

Le processus psychique de traitement activé par la méthode est un processus conscient. Il correspond à ce que fait naturellement notre cerveau quand il ne se bloque pas.
Au début, le praticien demande au patient de se concentrer sur le souvenir traumatique, en gardant à l’esprit les aspects sensoriels les plus perturbants (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels négatifs qui y sont associés.
Le praticien pratique alors des séries de stimulations bilatérales alternées rapides; entre chaque série, le patient dit ce qui lui vient à l’esprit ; il n’y a aucun effort à faire pendant la stimulation pour obtenir tel ou tel type de résultat, l’évènement se retraite spontanément et différemment pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture.

Le praticien continue les stimulations jusqu’à ce que le souvenir ne génère plus de perturbations mais soit mis à distance, « effacé », ait perdu sa vivacité. Ensuite, toujours avec des stimulations bilatérales alternées rapides, il aide le patient à associer à ce souvenir une pensée positive, constructive et à évacuer d’éventuels restes physiques désagréables.

Une séance d’EMDR dure de 60 à 90 minutes, pendant laquelle le patient peut traverser des émotions intenses, et en fin de séance, peut généralement ressentir une nette amélioration.

Une vidéo pour mieux comprendre